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Brontë’s nerd

13 Juin

Et voilà, le dernier petit voyage qui est en fait un grand voyage pour moi.

J’y suis allée, mais où donc?

Quelque part où le coeur industriel et le coeur sauvage de l’Angleterre se croisent.

Le petit village qui a vu grandir trois femmes et leur frère, quatre vies tragiques remplies d’imaginaire, de violence et de beauté.

Branwell, Charlotte, Emily Jane et Anne Brontë.

Et puis toute l’émotion de voir les mills (filatures et usines) depuis le train. 

Les peaux brûlées des gens d’ici, la verdure totale.

L’auberge de jeunesse était dans le jus, des murs tout noirs et des frises sinistres, au loin le clocher de l’église.

Haworth.

Tout un royaume et un rêve dans ce petit mot.

Et oui, à quatorze ans, je me retrouve avec les Hurlevent des Monts (traduction de Wuthering Heights par Pierre Leyris, ami de Philippe Jaccottet) et c’est le boum pif paf pouf dans ma petite tête.

Le temps a passé, il y a eu Jane Eyre, Agnes Grey et puis les poèmes d’Emily.

Si aujourd’hui je me retrouve ici, si je me retrouve en Etudes Anglophones, c’est un peu à cause d’elle. Pour ne pas dire totalement.

Si Bréhat est devenue si importante, devenue mon chez moi peut-être plus que les belles Alpes, c’est aussi un peu à cause d’elle.

Appris un peu plus la solitude, appris à la sublimer, à apprécier les longues balades à chercher un nid où lire ces poèmes (et puis bien d’autres avec les années). C’est un peu Emily.

Tout cela pour dire que ça fait longtemps que j’attends ce moment et que c’était essentiel pour moi de mettre les pieds là-bas parce que parce que…

Et tout ça pour dire que je n’ai pas été déçue. Voilà, l’Angleterre qui me fait rêver est bien là. Dans une lande couverte de bruyère, où le vent hurle et la pluie tombe à verse. Une rue qui monte vers une vieille église, un vieux cimetière couvert d’arbres… Et puis des gens avec un accent incroyable, des visages pas possibles, des corps brisés.

Maintenant je sais pourquoi et j’ai compris en voyant marcher le système, en vivant dedans. Pas de pitié, c’est un peu la devise.

Mais après, même si tout cela semble être vécu ici plus passivement qu’outre-Manche, ces gens me touchent. Souvent la main sur le coeur, il faut bien dire.

Enfin, trêve de credo gaucho.

Les photos, j’espère, parleront d’elles-même. 

Je suis allée aux fameux « hauts »… Même au mont Ventoux, le vent n’est pas si froid et si fort.

Donc, maintenant peu importe le vent…

Dans ma tête il y a tout ça… et bien plus.

 

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J’ai plein de petites musiques dans la tête. Le bruit de la pluie sur les pavés, le silence des gens dans le presbytère, le vent dans les pylone, la pluie sur la bruyère, le chant des oiseaux, les cris des moutons. Le chant du vent dans les Leaves of Grass, bien que la métaphore soit américaine… 

Je suis bien. Je me sens prête à partir – satisfaite au final, toute pleine d’amour  pour ce pays malgré tout. 

Les scones, les champs, le vert, cette nature hallucinante… orgiaque, le contraste des briques et du lierre. Les moutons, les salons de thé perdus dans des petites rues, leur atmosphère douce et calme qui rassemble tous les âges, Ye Olde Trip, bien sûr…Le soleil qui illumine Nottingham. La langue aussi…

Un peu triste de quitter les autres qui sont encore là aussi: Jess, Becca, Abdul…

St Peters Court devient une résidence vivante en se vidant!

Mais bon, je suis contente de retrouver tout le monde :)…

Au final je me dis aussi que vu de France ce blog doit être assez étrange parfois. Surtout que l’adaptation ne se fait que maintenant au final… plus de temps pour vivre… ça doit être ça.

Et voilà, pour le point final: je suis à Grenoble le 19. Pique-nique annuel de Francis le midi et l’après-midi mais le soir je pense qu’on peut se retrouver, pour ceux qui sont dans le coin, quelque part dans un coin de la table ronde.